État des lieux de l’impact des masques sur l’environnement
L’Institut de la santé publique, Sciensano, a récemment indiqué que les masques Avrox pourraient avoir des effets négatifs sur la santé en cas d’inhalation en raison de présence de nanoparticules d’argent et de dioxyde de titane. Ils ont ainsi été retiré du marché par mesure de précaution. Dans ce contexte, interpellée en Commission ce mardi, la ministre de l’Environnement, Zakia Khattabi, a fait le point sur l’impact des masques sur l’environnement.
A l’heure actuelle, plus personne ne met en cause l’utilité des masques pour le grand public pour lutter contre la propagation du virus Covid-19 à l’échelle mondiale. Différentes sortes et formes de masques sont actuellement disponibles, notamment des masques en tissu réutilisables, des masques chirurgicaux et des équipements de protection individuelle comme les masques FFP2. Certains d’entre eux s’avèrent effectivement être traités aux biocides, dans le but de réduire le risque de contamination virale et/ou bactérienne via le masque, d’allonger leur durée de vie ou encore d’éviter des odeurs désagréables.
Le principe d’un masque à usage unique pose en soi déjà un problème pour l’environnement en raison des déchets plastiques occasionnés. Outre la pollution engendrée par sa dispersion accidentelle directement dans la nature, le principe de l’économie linéaire (c’est-à-dire produire, utiliser et jeter) n’est pas tenable à long terme.
Par ailleurs, se pose la problématique des masques traités aux biocides dont l’exposition de plusieurs d’entre eux (polyhexanide ou PHMB par exemple) a un impact négatif sur l’environnement. Les organismes aquatiques semblent par conséquent être particulièrement sensibles aux effets toxiques.
Cependant, nous ne disposons pas encore de données suffisantes en matière de santé ou d’écotoxicité en ce qui concerne les masques traités aux nanoparticules. Des incertitudes subsistent par rapport à l’exposition réelle en cas d’utilisation de ces masques, ainsi que par rapport aux effets potentiellement indésirables pour l’homme ou pour l’environnement pouvant résulter de leur nettoyage ou de leur traitement en tant que déchet.
Il est évident que cette question doit faire l’objet d’un suivi très strict. Plusieurs services coopèrent de façon constructive sur cette problématique relativement nouvelle. Des analyses et des inspections complémentaires sont en cours.
Législation européenne
Un des facteurs critiques résulte des limites de la législation européenne en matière de biocides.Bien que la procédure d’évaluation de certains biocides, comme les nanoparticules d’argent dans les masques Avrox, soient toujours en cours au niveau européen, les règles européennes au sens strict permettent entretemps l’utilisation de ces substances.
Législation belge
Notre législation belge présente, elle aussi, des lacunes. En ce qui concerne spécifiquement les nanoparticules, le cadre législatif actuel repose sur l’arrêté royal du 27 mai 2014 relatif à la mise sur le marché des substances manufacturées à l'état nanoparticulaire. Or, il apparaît que la dernière partie de cet arrêté, portant sur l’enregistrement des articles traités avec des nanoparticules, n’est pas entrée en vigueur lors de la précédente législature. Nous nous penchons actuellement sur une extension de l’arrêté royal.
Santé et Environnement indissociables
Compte tenu du principe de précaution et conformément à notre vision “One World One health”, nous conseillons la prudence par rapport aux masques traités aux biocides, par exemple des nanoparticules. La santé et l’environnement sont indissociables en la matière.
Il faut poursuivre et finaliser les études pour dégager un jugement définitif sur la sécurité des masques aux nanoparticules qui ont été examinés. Pour reprendre la conclusion du Conseil supérieur de la Santé dans l’avis qu’il a formulé fin février, il y a lieu de se demander si un traitement biocide des masques buccaux est réellement nécessaire. Cela n’enlève évidemment rien au fait que le port du masque demeure fortement conseillé pour lutter contre la propagation du virus Covid-19.
Je partage mes préoccupations dans ces matières avec mon collègue Frank Vandenbroucke. Ensemble, nous suivons ce dossier de très près.