SPEECH | lancement de la politique belge de Transition Juste

L’ensemble des secteurs d’activités sont, à des degrés divers, concernés par une nécessaire reconversion de grande ampleur et, à l’instar de notre Etat-providence qui a été façonné par le combat social, notre économie est aujourd’hui sous le coup d’une nécessaire solide correction écologique.

Il existe aujourd’hui un consensus social pour reconnaître l’urgence climatique et pour reconnaître la nécessité de changer de cap, le temps est désormais celui de l’adhésion, du rassemblement du plus grand nombre autour du chemin à emprunter pour opérer la transformation nécessaire pour répondre au défi du siècle. Et cette transformation nécessaire n’adviendra que si elle est comprise (démocratisation du débat public) et perçue comme légitime et équitable dans les efforts qu’elle demande et les effets qu’elle occasionne. C’est pourquoi nous avons résolument opté pour la transition juste, et les Etats généraux que j’initie aujourd’hui ont pour but, précisément, d’organiser la délibération collective, démocratique, sur les options à prendre qui permettront de nous rassembler autour de la construction d’un avenir désirable socialement et écologiquement.

L’idée de « transition juste » a été promue au début des années 1990 par le leader syndical Tony Mazzocchi pour résoudre « le conflit entre l’emploi et l’environnement ». Pour réaliser la diminution drastique d’émissions de gaz à effets de serre, certains secteurs d’activités économiques sont amenés à subir d’importantes restructurations. Ce sont ainsi des millions de travailleurs qui risquent d’être impactés par la transition vers une économie bas-carbone mais la transition écologique est aussi source de création d’emplois, de diversification économique, de reconversion, entre autres et offre le potentiel d’aller vers plus de justice sociale.

D’ailleurs, permettez-moi une parenthèse, j’aime à rappeler comme Ministre du développement durable que la lutte contre les changements climatiques s’inscrit dans le cadre plus large du développement durable tel que défini par les 17 objectifs de développement durable (ou Sustainable Development Goals, SDG) adoptés par l’ONU en 2015. Ceux-ci envisagent la pauvreté, les inégalités, la paix, l’environnement comme autant de défis simultanés qui doivent être relevés de manière globale, en lien les uns avec les autres. Un de ces objectifs ne peut donc pas prendre le dessus sur les autres et à ce titre, la réduction des émissions de gaz à effet de serre ne peut pas être envisagée en dehors voire en opposition à la baisse des inégalités ou à l’accès à un travail décent et inversement. C’est d’ailleurs pour cela que j’élargis l’acception originelle de la TJ aux publics les plus vulnérables. Je ferme la parenthèse.
 
Il s’agit donc de planifier et de mettre en œuvre les politiques nécessaires à ce que ces deux objectifs – protection de l’environnement et protection sociale – se renforcent mutuellement au lieu de s’opposer. Entreprendre une transition juste c’est concevoir des stratégies sur les moyens et long-terme, qui soient globales et cohérentes entre elles. Et c’est aujourd’hui que cela se joue sans quoi les risques potentiels liés à la transition (perte d’emplois, désertification économique, fracture sociale) prendront le dessus sur les opportunités (création d’emplois décents, diversification, bien-être social).

Il est dès lors temps de nous employer, collectivement, à concilier la satisfaction des besoins humains fondamentaux et le respect des limites planétaires, à conjuguer justice sociale et justice environnementale pour passer d’un Etat-providence à un Etat-durable.

C’est bien l’enjeu au cœur de la dynamique des Etats-généraux de la TJ en Belgique que j’initie aujourd’hui. Bonne matinée !"