CP | 1er mai : Garantir les standards sociaux dans un monde décarboné
Les travailleurs, leurs droits, notre sécurité sociale et plus largement nos droits humains fondamentaux sont de plus en plus mis à mal par notre trajectoire sociétale actuelle, injuste socialement et insoutenable écologiquement.
L’urgence écologique appelle de profondes transformations de nos modes de vie et de nos économies. L’ensemble des secteurs d’activités sont, à des degrés divers, concernés par une nécessaire reconversion de grande ampleur. A l’instar de notre Etat-providence qui a été façonné par le combat social, notre économie est aujourd’hui sous le coup d’une nécessaire solide correction écologique. Dans ce contexte ,et à l’aune des mutations qu’il augure, nous devons, pour les garantir, repenser nos solidarités institutionnelles.
Au cœur du pacte social qui lie les citoyennes et les citoyens, les travailleurs et les travailleuses, figure la Sécurité sociale. Cette Sécurité sociale est menacée à plusieurs titres : d’abord son financement n’est plus garanti dans une société qui doit renoncer, de force ou de gré, à la croissance traditionnelle. Tant les enjeux de justice fiscale que de transition écologique veulent que la base d’imposition de la fiscalité change. Nous devons dès lors anticiper et orienter ce tax shift si nous voulons garantir nos standards de protection sociale. Par ailleurs, la portée de notre couverture sociale est manifestement insuffisante quand de nouveaux risques apparaissent, ceux de la non-transition écologique, ceux de la transition injuste, mais aussi ceux de la transition écologique elle-même.
Des milliers d’emplois, des milliards de salaires, de chiffres d’affaire et d’investissements, des hectares de zones économiques, des secteurs entiers vont se redéployer, certains disparaître. Tous les secteurs dépendants des énergies fossiles sont concernés. Toutes les recherches montrent que la transition vers un monde décarboné coûte moins cher et rapporte plus que l’inertie actuelle. C’est une bonne chose, mais il s’agira de s’assurer que personne - travailleuses et travailleurs, entrepreneuses et entrepreneurs, investisseuses et investisseurs ou encore consommatrices et consommateurs - ne soit laissé de côté .
C’est pourquoi je souhaite, en tant que ministre, que le renforcement de la Sécurité sociale et des droits des travailleurs figurent au cœur du processus de Conférence nationale pour une transition juste que j’initie, et que ce processus devienne, à terme, permanent, inscrit dans nos institutions. A l’occasion de ce 1er mai, je lance un appel aux acteurs citoyens, activistes, syndicaux, patronaux, associatifs, administratifs et scientifiques à me rejoindre pour y faire valoir leurs revendications.
Il est temps de nous employer, collectivement, à concilier la satisfaction des besoins humains fondamentaux et le respect des limites planétaires, à conjuguer justice sociale et justice environnementale pour passer de l’Etat-providence à l’Etat- durable.