CP | Avis du Conseil Supérieur de la Santé sur la question du nucléaire : un rapport très éclairant dans le débat sur la transition énergétique de notre pays
Dans le débat sur les mesures à mettre en œuvre pour lutter efficacement contre le dérèglement climatique, le recours à l’énergie nucléaire est souvent mis en avant comme solution d’avenir.
Le Conseil Supérieur de la Santé, qui est l’organe d’avis scientifique du Service Public Fédéral Santé publique, regroupe des scientifiques évoluant dans les plus hautes sphères de leurs disciplines. Dans un avis qu’il vient de publier (https://www.health.belgium.be/fr/avis-9576-risque-nucleaire-developpement-durable-et-transition-energetique), il s’est penché sur l’enjeu du nucléaire au regard du réchauffement climatique, du développement durable, de la transition énergétique et des risques engendrés par une telle technologie. Pour la Ministre du Climat et du Développement durable, Zakia Khattabi, « cet avis est extrêmement précieux et éclairant dans le débat sur la transition énergétique de notre pays »
Le Conseil considère que « sur le plan environnemental, éthique et sanitaire, l’énergie nucléaire de fission, telle que déployée actuellement, ne peut pas prétendre satisfaire aux principes du développement durable ».
Pour Zakia Khattabi, « il est clairement admis que le risque d'accident nucléaire grave ne peut être exclu, même dans les meilleures centrales nucléaires. Et dans ce contexte, la Belgique est particulièrement vulnérable en raison des caractéristiques des sites concernés : proximité des grandes villes et des artères internationales, réseau routier encombré et forte densité de population ».
Le Conseil considère également que « l’arrêt des centrales nucléaires est possible pour la Belgique, pour un coût relativement limité, y compris en termes d’impact CO2 ». Il rappelle que « la plus grande partie des émissions de CO2 provient, non pas de la production d’électricité (à peine 14 % du total), mais du chauffage des bâtiments (surtout du secteur tertiaire), du transport et de l’utilisation des ressources fossiles dans les industries lourdes et manufacturières et qu’il faudra porter les efforts nécessaires et réaliser des investissements plus sélectifs dans ces secteurs. En particulier, le transport à lui seul occasionne près du quart des émissions totales de gaz à effet de serre. Les pratiques agricoles et l’élevage intensif du bétail (…) jouent également un rôle non négligeable dans la production de gaz à effet de serre ».
Pour Zakia Khattabi, « le débat sur l'énergie nucléaire a été erronément réduit à l’enjeu climatique en faisant de facto l’impasse sur les très nombreux effets pervers et dangereux d’une telle technologie. L'énergie nucléaire présente de sérieux inconvénients soulignés par les universitaires du Conseil de la Santé qui concluent qu’elle n'est pas conforme aux principes du développement durable, seuls à mêmes de garantir un avenir aux générations d’aujourd’hui et de demain. J'ajouterai cet avis aux discussions du Gouvernement sur la sortie du nucléaire dans le cadre de ma responsabilité en matière de développement durable ».
Enfin, la Ministre fait totalement siennes les conclusions du rapport qui soulignent que la transition énergétique ne sera possible « qu’en acceptant de remettre en cause, dans un esprit de modernité critique et d’équité le paradigme de la croissance illimitée ; qu’en développant, au niveau individuel et collectif, les processus d’innovation dans la gestion du bien public, et qu’en menant une réflexion sur un nouveau paradigme économique non lié à la consommation et sur des processus créatifs de réinvention socialement équitable et positive des modes de vie ».