CP | Prix des denrées alimentaires : l’enfer est pavé de bonnes intentions !
En réponse à une question parlementaire ce jour, la Ministre fédérale de l’Environnement et du Green Deal, Zakia Khattabi, a indiqué avoir - avec sa collègue Céline Tellier, Ministre wallonne de l’Environnement - adressé un courrier à la Commission européenne , s’inquiétant de l’impact de la guerre en Ukraine sur les ambitions du Green Deal.
La guerre en Ukraine a un impact important sur la sécurité alimentaire et les prix des denrées alimentaires en Belgique, en Europe et au-delà.Dans de nombreuses régions du monde déjà fragilisées par la pandémie du covid-19 et la crise énergétique, l’inflation de certaines denrées qu’entraine la guerre en Ukraine annonce des famines à venir.
Les Ministres ont souhaité exprimer au Vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans et au Commissaire à l’environnement Virginijus Sinkevicius leur plus profonde inquiétude à ce sujet et marquer, le cas échéant, leur désaccord à l'appel à atténuer les ambitions écologiques incluses dans le Green Deal, et plus particulièrement dans la stratégie de la ferme à la fourchette à la lumière de cette crise.
Leur position est claire : «nous devons défendre et respecter les ambitions exprimées dans la stratégie de la ferme à la fourchette. Le retour d'une partie de notre production alimentaire au sein de l'Union européenne est important tant pour la sécurité alimentaire que pour l'environnement. Cette crise est de ce point de vue, à nos yeux, précisément le signal dont nous avons besoin pour accélérer la transition vers un système agricole résilient et durable. ».
Les importations agricoles en provenance d'Ukraine et de Russie sont principalement utilisées au sein de l’Union pour nourrir le bétail. L'UE doit profiter de ces chocs d'approvisionnement pour mener la transition de l'élevage et de l'agriculture intensifs vers un système alimentaire durable, relocalisé et résilient.
Le fait de revoir à la baisse nos ambitions en matière de réduction des pesticides et de ne plus protéger des zones naturelles précieuses et riches en biodiversité augmente dangereusement le risque d'effondrement de nos écosystèmes et de nos économies.
Pour les paysans qui font déjà face à de rudes conditions de production en raison du dérèglement climatique, de la perte de biodiversité, de la concurrence de l’agro-industrie, cette guerre risque de les faire basculer dans l’extrême pauvreté. Appauvrir encore nos terres agricoles en réintroduisant des pratiques agricoles non durables ne ferait que réduire la productivité à long terme de l'agriculture européenne. C'est précisément la pire menace pour notre stabilité socio-écologique actuelle et notre sécurité alimentaire, et certainement pour celles des générations futures.
« Les systèmes alimentaires mondiaux continueront d'être en proie à des crises et à des incertitudes dans les années et les décennies à venir.C’est pourquoi il est indispensable, à côté des réponses que nous apporterons à court-terme, que nous travaillons dès à présent à la refonte d’un modèle alimentaire permettant d’accroitre la résilience de l’Europe et de faire face à d'éventuelles crises sociales, environnementales et économiques futures », concluent les deux ministres.